Liberté j’écris ton nom

Liberté retrouvée, mais liberté surveillée. Enfin. 

Sortir et m’asseoir sur un banc. Et regarder les gens, tant qu’il y en a. En bon papi tranquille et bien « réveillé ». 

Alors j’observe, j’écoute, et je me laisse aller. Cette fois dans la vraie vie, pas de l’autre côté. A mon grand âge, il ne m’a pas eu. Contre lui j’ai lutté et j’ai gagné. Oui mais pas tout seul, vous vous en doutez bien, les grands vainqueurs de la bataille sont ceux qui croulent encore sous les merci tous les soirs. 

C’est la reprise pour tout le monde, avec un dehors et un dedans bien aseptisé, ça sent le propre de partout. Et c’est un grand retour pour moi aussi. Il y a des choses qui se passent tout autour, j’entends du bruit, des voix, des rires d’enfants. Les rues ont retrouvé une vie, moi j’y reviens. 
Dans nos villes endormies, on semble tous tituber. Peu importe. 

Beaucoup sont de sortie, sans papier mais protégés. Sortir, non pas pour reprendre notre vie exactement comme avant, mais pour voir des collègues et des amis, pour travailler. Sortir pour reprendre une activité. Sortir pour étudier flâner dans les rues et surtout croiser du monde. 

Des enfants passent, cartable sur le dos et masqués, c’est le retour à l’école c’est vrai, mais un retour «bien cadré » avec des carrés et des lignes tracés au sol. 

Il y a aussi cet homme et cette femme au regard inquiet qui traversent trop rapidement la rue, ils devraient prendre le temps… Il parait qu’ils «télé-travaillaient »…de mon temps soit on regardait la télé soit on travaillait, on n’a jamais fait les 2 en même temps. Ils sont pressés d’arriver au bureau pour retrouver leurs collègues et se rassurer. Avec leur tupperware sous le bras, j’imagine qu’ils auraient donné n’importe quoi pendant le confinement pour retrouver une nappe vichy, une terrine du chef un quart de rouge et un café gourmand… 

Je me tourne et derrière moi je lis dans le regard de ces jeunes le bonheur retrouvé d’être ensemble assis dans l’herbe, bière à la main… Ils ne trinquent plus à travers un écran à distance et conversent gratuitement avec la vie ! Mon petit-fils m’a dit que les apéros virtuels ou encore mieux les « Online drinking » ont marché du feu de dieu …. Et dire qu’à son âge je voyais le premier pas sur la lune, lui va m’apprendre la vie maintenant ! … 
Jeanine la voisine s’arrête et me dit qu’elle s’est inquiétée pour moi. Je lui réponds que ce qu’elle a vu à la télé était bien la réalité. Dans les hôpitaux les médecins étaient devenus des robots, leurs services étaient bien saturés et leurs patients suffoquaient. Et au milieu de tout ça, j’étais -parmi tant d’autres- un peu leur père, leur frère ou leur oncle qu’il fallait sauver, à tout prix comme on dit. Ils n’ont pas ménagé leurs efforts, encore moins leur santé. Ils pourront peut-être un peu respirer maintenant, après avoir tant aidé les autres à y parvenir. 

Elle me raconte que pendant ce temps, en plein confinement, l’envie d’être utile, de s’aider entre voisins et de s’inquiéter les uns des autres continuait, c’était chouette. De là à regretter le temps d’avant, bien sûr que non !mais continuer ce que l’on a appris à faire pourquoi pas ? 

Elle me dit que l’on est restés trop enfermés et qu’il faut à présent croquer à nouveau la vie à pleines dents… Enfermés oui mais c’était une protection. Pas une punition. Je tempère, calme toi Jeanine, il est sans doutes encore trop tôt pour crier victoire… Mais avançons la tête haute. Et le visage masqué. 

Demain la pétanque reprend, c’est plus facile que les cartes pour respecter les distances. Joseph descendra peut être, il aura certainement moins peur maintenant que je suis dehors. En attendant demain de lui faire fanny, assis sur mon banc, je souris à la vie. 

Et sur mon vieux cahier d’écolier, j’écris ton nom… 

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