Le 16 mars fera date, le pays tout entier est plongé en apnée collective. Dedans. Pendant que, dehors, beaucoup trop respiraient déjà très mal.
Objectif : 11 Mai. Retrouver un peu notre souffle, chacun à notre tour, avec sagesse et précaution, pouvoir sortir et « prendre l’air ».
Ce 16 mars, il a fallu « rentrer ses petits » et les mettre tous à l’abri. Et définir les règles du jeu. En équipe, parce qu’à nous tous, la partie est loin d’être finie…
Et dire que je me donnais plusieurs mois pour les préparer « au changement », on nous donne encore un mois pour se préparer au retour du « (presque) comme avant » … j’étais loin d’avoir prévu « ce temps suspendu » avec eux. Il a fallu s’éloigner pour mieux se rapprocher. Et s’isoler pour mieux collaborer.
Pari plutôt réussi finalement… Garder le contact avec ses collaborateurs pour conserver la dynamique d’équipe et voir comment tout le monde va. Et ça marche plutôt pas mal. Je ne les cherche plus dans leur bureau ou dans les couloirs, je ne les attends plus pendu au téléphone ou revenir de leur pause cigarette, je les ai tous en même temps et au même moment, et j’avoue que… Et puis non, je n’avouerai pas. Tant pis pour eux et tant mieux pour moi.
Tiens à ce propos c’est déjà l’heure de la visio team, ils sont tous connectés. Il y en a qui ont changé de décor et qui sont passés, de la cuisine au salon ou de la chambre au bureau, question d’humeur sûrement… Je devine vite qui est en forme ce matin et qui l’est moins et qui, débrancherait bien sa caméra pour juste laisser la voix, ou l’ombre de leur voix, ou leur gamin. Ou leur chat. Certains plus que d’autres « crèvent l’écran ». Les voir tous là, ça leur donnerait presque un air d’élèves bien studieux. Leurs cheveux ont bien poussé, les miens aussi d’ailleurs, du moins ce qu’il en reste… Ils vont tous bien, leur famille aussi, on s’en sort plutôt pas mal.
Et pendant ce temps, il faut rester concentré, anticiper et prendre des décisions, avec des objectifs immédiats : débloquer des financements, questionner nos entreprises pour les aider à sortir de ce chaos, entretenir les partenariats locaux et européens en laissant la porte ouverte à de nouveaux projets, repenser les événements, transformer un festival numérique et renforcer nos réseaux pour résister encore mieux tous ensemble. Tenir bon, comme s’il ne s’était rien passé… Presque comme si. Et puis, il y a cette équipe qui s’est consolidée au fil de toutes ces années et que l’on protège pour éviter le pire, et qui, sans hésiter, participe à l’effort collectif. Parce qu’on gagne souvent en équipe.
Alors en attendant, on fait tous le dos rond et on attend que ça passe. Chacun chez soi. Le chat vient de rentrer, cette fois c’est le mien, lui aussi fait le dos rond mais pas pour les mêmes raisons…
On le sait tous, de partout il y aura l’avant et l’après COVID.
On dit que les épines sortent avant les fleurs, et les épines ça pique… Quand les jardins auront bien fleuri on laissera les épines et on cueillera les fleurs. Et quand ce virus partira comme il est venu, on reprendra tous le chemin de l’école, on se reconnectera les uns aux autres autrement. Et sans doute encore mieux qu’avant.
Allez, parce qu’il faut bien prendre aussi le temps pour les siens, on m’appelle de l’autre côté. On a de la chance, les enfants -grands et petits – sont présents, là aussi les retrouvailles se font à l’écran. Quant à nos ainés, ils ne sont pas très loin. D’ailleurs, je vais leur dire de ne pas s’inquiéter, que tout ira bien, que demain nous irons « prendre l’air » …
